Étude naturelle en mobilité : méthodes, avantages et limites
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L’étude naturelle est une approche souvent utilisée dans nos projets, notamment dans le secteur de la mobilité. D’après Villame en 2004, « elle vise à étudier l’activité de conduite automobile dans un cadre lui permettant de se dérouler le plus naturellement possible afin d’être en mesure de bien appréhender le caractère complexe, dynamique ».
Cette approche est à l’intersection de plusieurs disciplines et explore les relations entre contexte, cognition et actions. Elle s’attache à rendre compte de l’activité humaine en la considérant comme une totalité complexe intégrant émotions, perceptions, interprétations, actions et communications des acteurs étudiés (Villame et Theureau, 2001). Le passage par la notion d’activité offre la possibilité de ne pas dénaturer le comportement naturel de l’usager en décrivant la globalité de l’activité du conducteur (Saad et Villame, 1996).
Nos méthodes
Pour mener à bien cette approche, nous employons différentes méthodes de recueil de données : des méthodes quantitatives et des méthodes qualitatives. Parmi les outils permettant de recueillir des données quantitatives, nous utilisons généralement des caméras embarquées. Celles-ci permettent d’obtenir des résultats objectifs concernant les comportements de conduite. La littérature internationale privilégie largement cette approche. Les données subjectives sont quant-à-elles récoltées à l’aide d’entretiens ou de questionnaires sur le point de vue des conducteurs étudiés. Les résultats qualitatifs viennent apporter du « sens », de l’interprétation aux mesures de l’approche quantitative. Ergocentre s’inscrit dans cette dynamique en alliant ces deux types de recueil.
Concrètement, les caméras nous permettent d’obtenir des données sur la dynamique du véhicule (vitesse, accélération, freinage…), les itinéraires et infrastructures empruntés, ainsi que les manœuvres d’urgence (freinage fortement appuyé, évitement). Par ailleurs, les entretiens d’auto-confrontation impliquent des usagers confrontés à une situation de conduite filmée. Cela nous permet de discuter des risques rencontrés, du comportement, du processus cognitif, et des émotions. Les questionnaires, quant-à-eux, sont basés sur ceux de la littérature scientifique. Ils nous permettent d’appuyer les réponses obtenues en entretien à l’aide d’échelle de mesure.
Notre démarche
- Tout d’abord, nous équipons environ 80 participants de caméras embarquées à l’aide d’harnais ou de supports de casque.
- Ils filment leurs trajets du quotidien pendant 1 ou 2 mois. Ensuite, ils remplissent un journal de bord. Ils retracent leur itinéraire, le moment d’e la prise de l’incident, la météo, et les situations à risque rencontrées.
- Par la suite, nous les revoyons lors d’entretiens d’auto-confrontation que nous réalisons chaque semaine. Au cours de ces derniers, nous échangeons sur les situations dangereuses rencontrées (aménagement, signalétique, acteurs impliqués, type de véhicule, actions réalisées, défaillances cognitives, etc).
- Enfin, les conducteurs interrogés remplissent un questionnaire afin de clôturer l’étude puis reçoivent une indemnité sous forme de chèques-cadeaux.
En définitive, l’étude naturelle, y compris dans la mobilité, a ses avantages et inconvénients, tels que les biais de comportement des conducteurs. Nous accompagnons souvent cette approche de questionnaires diffusés à grande échelle, réalisés par des partenaires de recherche. Chez Ergocentre, nous croisons toujours les méthodes de recueil de données pour des résultats plus pertinents et généralisables.